Aller gambader pour passer le temps
Toute manifestation doit être déclarée et autorisée par la Préfecture.
La manifestation (manif’ pour les intimes)… Cet exutoire festif où l’illusion de la contestation se mêle à l’ennui du week-end. Un grand carnaval autorisé par le pouvoir, où les cris d’indignation sont absorbés par la musique, les stands de sandwichs et les pintes tièdes.
Dans une manif, tout le monde se trémousse, chante des slogans éculés, persuade les autres (et surtout soi-même) qu’il est en train de « participer à l’Histoire ». Mais à 18h, tout ce petit monde rentre sagement chez soi, satisfait de son samedi récréatif.
Il faut voir l’ambiance : un entre-soi digne d’une partouze intellectuelle où les convictions sont accessoires, où l’important est d’être là, de se donner l’impression d’exister autrement que par un boulot alimentaire ou des études insipides.
On y trouve du théâtre politique de bas étage, des poses révolutionnaires Instagram-friendly, des pancartes faites à la va-vite, et bien sûr, une marée de téléphones capturant chaque moment pour les réseaux sociaux. On sort son iPhone, on photographie des poubelles renversées, on en fait une story, et voilà qu’on se sent subversif.
Un zoo à ciel ouvert

Dans une manif’, on y trouve quoi ? Essentiellement des faux-opposants.
Une majorité écrasante de fonctionnaires, qui prennent plaisir à gratter des heures de boulot en hurlant contre l’État, mais jamais contre le système qui les nourrit.
Des féministes qui refusent de marcher avec d’autres féministes jugées trop tièdes politiquement, tout en scandant des slogans en soutien à des peuples où les droits des femmes sont inexistants.
Des gauchistes en ceinture Gucci qui braillent « Taxons les riches ! » en oscillant entre une danse approximative et un pogo mal assumé.
Tout cela fleure bon la 8.6 et le tabac roulé. On baigne dans une atmosphère musquée de promiscuité et de slogans vides de sens.
Heureusement, on peut draguer pendant la manifestation

Et puis, il y a l’aspect pratique : la manif, c’est un bon plan drague. Un grand marché aux amours temporaires où quelques phrases creuses sur le fascisme et l’oppression suffisent à s’attirer l’attention d’un cercle de militants. Une prise facile, une nuit fiévreuse, puis un réveil en queue de cortège d’une autre marche : celle du désenchantement.
Le fond du problème ? C’est que personne ne sait vraiment pourquoi il est là. Si on pose la question, ça bégaye, ça bafouille, et ça finit par répondre un sempiternel « ON EST LÀ ! » qui résonne comme un mantra d’auto-persuasion.
La manifestation, c’est de l’opposition sous contrôle
Au final, ces manifestations ressemblent plus à des festivals déguisés en contestation qu’à de véritables revendications. Rien de plus qu’un petit shoot de dopamine militant pour meubler un vide existentiel.
Une sortie du week-end, un peu de bruit pour rien.
Car que reste-t-il une fois rentré chez soi ? Un Uber Eats commandé sur un smartphone hors de prix, livré par un sans-papiers sous la pluie, pendant qu’on débriefe l’après-midi avec un sourire satisfait.
Le pouvoir ne s’y trompe pas : il laisse faire, il tolère ce théâtre, car il sait que c’est sans danger. Pendant que ces attroupements s’amusent, lui continue de gouverner. Un deal parfait, finalement.
Retrouvez les différents textes des Nouvelles Mythologies Françaises sur la page consacrée.