Le malaise paysan en France est une problématique ancienne, mais qui s’est intensifiée ces dernières décennies avec la mondialisation. La pression des normes européennes et la concentration du secteur agricole ont contribué à accentuer ce malaise.
Historique du malaise paysan
La souffrance paysanne n’est pas nouvelle. Déjà dans les années 1970, des syndicats comme la Confédération paysanne dénonçaient l’industrialisation de l’agriculture et la disparition des petites exploitations. Mais c’est surtout à partir des années 1990-2000 que la détresse des agriculteurs a pris une dimension alarmante, notamment avec des vagues de suicides agricoles et une précarisation accrue du métier.
Les grandes mobilisations paysannes se sont multipliées, souvent liées aux crises du lait (2009), du porc (2015), ou plus récemment aux révoltes de 2024 contre les réglementations environnementales et la concurrence déloyale.
Causes principales du malaise paysan
Une pression économique écrasante
- Faibles revenus : beaucoup d’agriculteurs ne vivent pas correctement de leur travail.
- Prix d’achat trop bas : la grande distribution et les industriels imposent des marges très faibles aux producteurs.
- Endettement massif : pour être compétitifs, les agriculteurs doivent investir lourdement (matériel, infrastructures, mise aux normes).
Une concurrence internationale féroce
- Les importations à bas coût, notamment d’Amérique du Sud et de pays hors UE, tirent les prix vers le bas.
- Les agriculteurs français sont soumis à des normes sanitaires et environnementales strictes. D’autres pays produisent avec moins de contraintes (ex : pesticides interdits en France mais autorisés ailleurs).
L’impact des politiques européennes et des accords internationaux
- La Politique agricole commune (PAC), longtemps protectrice, a évolué vers une logique qui favorise les grandes exploitations et les cultures intensives au détriment des petites fermes.
- L’accord Mercosur, négocié depuis 1999, prévoit une ouverture des marchés agricoles entre l’UE et des pays comme le Brésil et l’Argentine, au grand dam des agriculteurs européens. À ce jour, l’accord n’a pas encore été ratifié, notamment en raison de l’opposition de plusieurs États membres (dont la France).
Une crise sociale et psychologique
- L’isolement, la pression financière et la dévalorisation du métier entraînent une vague de suicides alarmante.
- Le déclin du monde rural, la fermeture des services publics dans les campagnes et la perception négative de l’agriculture (liée aux débats sur l’environnement) aggravent le sentiment d’abandon.
L’UE veut-elle vraiment réduire l’activité agricole en Europe ?
C’est un sujet polémique. Officiellement, non, l’UE ne veut pas « réduire » l’agriculture, mais ses politiques environnementales et commerciales créent un effet inverse :
- La stratégie « De la ferme à la table« (Green Deal) prévoit une réduction de 50 % des pesticides d’ici 2030 et la diminution des engrais chimiques.
- Des projets de jachère obligatoire et de réduction du cheptel sont discutés. Cela pousse certains à voir une volonté de limiter la production agricole européenne.
- Certains pays, notamment les Pays-Bas et l’Allemagne, ont adopté des plans de rachat de fermes. Ces rachats doivent réduire les émissions de CO₂ et de nitrates.
Certains agriculteurs dénoncent un double discours de l’UE : on impose des restrictions aux producteurs européens tout en ouvrant le marché à des produits étrangers moins réglementés.
Pour aller plus loin sur le sujet de la réduction de l’activité agricole en Europe : voir l’article « Disparition de l’agriculture en Europe ?«