Archéologie mystérieuse et interdite.
Archéologie mystérieuse et interdite.

Découvrez ce nouvel épisode de Palimpseste consacré à l’archéologie mystérieuse et interdite. Je vous invite à explorer les marges vertigineuses de l’histoire humaine, à travers les mythes, les théories alternatives et les fantasmes archéologiques.

Et si nous n’étions pas la première civilisation avancée sur Terre ?

Ce voyage intellectuel questionne la mémoire de notre espèce : et si nous étions les héritiers amnésiques d’un monde oublié ?

Ce n’est pas une enquête sur la vérité historique. C’est une plongée dans l’imaginaire collectif, dans notre besoin de mythe, et dans l’idée fascinante que nous pourrions être les survivants inconscients d’un monde plus ancien que le nôtre.


Et si des civilisations développées, technologiquement avancées, avaient vécu avant la nôtre sans que nous ne le sachions ?

Que resterait-il de cette civilisation perdue, et comment pourrions-nous l’identifier ?

Si ces questions ont déjà effleuré votre esprit, alors vous nourrissez un goût pour un sujet qui me fascine depuis de nombreuses années : l’archéologie mystérieuse.

Bienvenue sur Palimpseste, l’émission qui ouvre des portes vers l’imaginaire, comme un manuscrit dont chaque récit en cache un autre.

Sous le vocable « d’archéologie mystérieuse et interdite », on retrouve les théories suivantes :

  • l’idée selon laquelle le Sphinx aurait été construit il y a plus de dix mille ans;
  • l’existence d’outils métalliques en des temps reculés ;
  • la localisation de l’Atlantide ;
  • les cartes montrant l’Antarctique sans son manteau de glace qui recouvre pourtant ce continent depuis des millions d’années ;
  • l’attribution des Pyramides à une civilisation prédynastique ;
  • des cataclysmes comme le déluge qui auraient rayé des empires de la terre ;
  • un savoir ésotérique partagé entre toutes les cultures au long de l’histoire ;
  • l’existence d’une civilisation supérieure et inconnue qui aurait instruit les civilisations moins avancées il y a des milliers d’années ;
  • et même des visiteurs des étoiles qui auraient guidé l’éveil et le développement de l’humanité.

Toutes ces théories ont toujours exercé une fascination sur mon esprit. L’on nous dit que homo sapiens arpente la terre depuis environ 300 000 ans. Mais nous ne savons presque rien de l’histoire passée. Qu’a-t-il bien pu se passer pendant une période aussi longue ? Qu’a fait homo sapiens pendant 290 000 ans ? Lorsque l’on pose cette question, on mesure toute l’étendue des lacunes de nos connaissances sur notre propre espèce.

Cette question me donne le vertige. Le même vertige qui m’avait saisi lorsque, enfant, j’avais appris que l’univers était infini et en expansion. Même aujourd’hui, ce concept d’infini me laisse rêveur. Notre corps est borné par une frontière palpable : notre peau. Notre vie est bornée par une frontière temporelle : notre espérance de vie. L’esprit est quant à lui borné par une barrière intangible mais que l’on se représente parfaitement : les limites de notre perception et de notre intelligence. L’être humain a un début et une fin : la naissance et la mort. C’est un être fini. Pour un tel être, concevoir l’infini est un exercice difficile. L’infini, ça va jusqu’où, et ça dure combien de temps ? Et si l’univers est en expansion, alors comment peut-on qualifier d’espace cette partie de l’univers dans laquelle il n’y a encore rien ? Ni matière, ni temps, ni lumière ?

L’être humain cherche à analyser et à comprendre son environnement, à découvrir son passé et à anticiper son futur.

Géologues, paléontologues et archéologues fouillent le sol pour reconstituer l’histoire de notre planète et de la vie à sa surface. Il ne suffit parfois que d’une poignée d’ossements pour identifier un nouvel hominidé et reconstituer son passé.

Mais l’archéologie mystérieuse pose un mystère au centre de ces réflexions : une partie de cette histoire lointaine reste inconnue et hors de portée des méthodes conventionnelles de la recherche.

Pour bien comprendre la portée de ce mystère, je dois vous parler de l’hypothèse silurienne.

L’hypothèse silurienne, formulée par deux chercheurs de la NASA, Adam Frank et Gavin Schmidt, pose une question vertigineuse : si une civilisation industrielle avait existé sur Terre des millions d’années avant nous, que resterait-il aujourd’hui pour en témoigner ?

Sur une telle échelle de temps, les constructions s’effondrent, les villes sont englouties, les objets en métal ou en plastique se désagrègent, et même les fossiles deviennent rares. La trace d’une civilisation pourrait n’être qu’un minuscule pic dans un échantillon géologique : une perturbation du cycle du carbone, une accumulation anormale de métaux rares, une variation brutale des températures.

Cette hypothèse ne dit pas qu’une civilisation ancienne a existé, mais que notre capacité à en détecter une est extrêmement limitée, même si elle avait été aussi avancée que la nôtre.

Aujourd’hui, si une catastrophe balayait 99% de la population mondiale, que resterait-il de notre civilisation mondialisée qui a pourtant conquis l’espace ?

Les limites de notre connaissance de l’histoire ont même ouvert la voie à la théorie dite des Anciens astronautes, postulant que l’humanité doit son développement à des extra-terrestres qui auraient visité la terre, qui auraient exploité ses ressources, et qui en auraient profité pour apporter la connaissance aux hommes. Cette réécriture du mythe de Prométhée, dans laquelle ce n’est plus un héros qui vole le feu aux dieux pour l’offrir aux hommes, mais un alien qui le leur apporte gracieusement, va même jusqu’à faire du dieu abrahamique lui-même un extra-terrestre.

On trouverait des traces de ces visites de vaisseaux extraterrestres à travers des tableaux des siècles passés, des peintures rupestres, ou encore des livres mythologiques comme le Mahabharata qui décrirait des vaisseaux spatiaux nommés Vimanas qui seraient des chars célestes abritant le séjour des dieux venus d’ailleurs.

Ces théories merveilleuses, proposées par des auteurs comme Erik Von Daniken, Zecharia Sitchin, et Robert Bauval, ont évidemment inspiré Hollywood. La traduction cinématographique la plus aboutie de ces idées est certainement le film Stargate, et les différentes séries télévisées qui ont suivi le film.

Dans ce film, les pyramides d’Egypte sont des pistes d’atterrissage pour les engins spatiaux extraterrestres pilotés par des goa’ul : des serpents aliens qui ont besoin de parasiter un hôte humain pour vivre.

Les Goa’uld sont des créatures parasites qui prennent possession de corps humains pour les contrôler. Dans Stargate, ils se font passer pour des dieux de l’Égypte ancienne, exploitant leur technologie avancée pour dominer des peuples primitifs. Les pyramides deviennent alors des portes d’embarquement pour leurs vaisseaux, faisant de l’Égypte antique un centre spatial extraterrestre.

Mais la littérature n’a pas attendu les cinéastes et les théoriciens du mystère de nos origines pour proposer des récits fantastiques sur le passé immémorial de l’humanité.

L’auteur le plus influent et le plus prolifique est sans le moindre doute Howard Philipp Lovecraft, le père du mythe de Cthulhu : un cycle de récits où la Terre fut jadis le théâtre d’une guerre cosmique entre des puissances venues des étoiles.

Cette mythologie contemporaine repose sur l’idée qu’avant l’humanité, la Terre était habitée et dominée par des créatures cosmiques, les Grands Anciens. Ces entités n’ont rien d’humain. Elles ne sont pas simplement plus puissantes ou plus sages : elles sont autres, radicalement inaccessibles à notre intelligence et à nos sens. Certaines dorment sous les océans, comme Cthulhu dans la cité engloutie de R’lyeh, attendant leur retour.

Le simple fait de prendre conscience de l’existence de ces créatures provoque folie ou désespoir.

Ces récits imaginent que des civilisations antédiluviennes, disparues depuis des éons, ont été influencées ou même fondées par ces entités. Des sectes humaines, à travers les âges, ont conservé la mémoire de ces Grands Anciens et tentent de provoquer leur retour par des rituels ésotériques.
C’est là que Lovecraft touche à l’archéologie mystérieuse : son œuvre entière repose sur l’idée que le passé profond de l’humanité nous échappe, que des ruines oubliées, des langues perdues et des symboles étranges témoignent d’un âge d’or terrifiant, que la science moderne commence à peine à frôler.

Ce n’est donc pas un hasard si Lovecraft inspire tant les auteurs contemporains de l’archéologie alternative : il a dressé un imaginaire cohérent où science, religion, mythe et horreur cosmique se confondent, dans un univers où les hommes sont des créatures secondaires ayant hérité d’une planète habitée avant eux par des puissances oubliées qui anéantiraient l’humanité.

Dans l’une de ses premières nouvelles, La Cité sans nom, écrite en 1921, Howard Philipp Lovecraft mettait en scène la découverte, par un explorateur audacieux, d’une cité antédiluvienne.

« Dès que j’approchai de la Cité sans Nom, je compris qu’elle était maudite. Traversant au clair de lune une affreuse vallée desséchée, je la voyais de loin, dressée au milieu des sables, comme un cadavre émergeant d’une fosse mal faite. La peur suintait des pierres, usées par le temps, de cette vénérable survivante du déluge, cette aïeule de la Grande Pyramide ; une aura invisible me repoussait et m’engageait à fuir les antiques et sinistres secrets que nul ne devrait connaître, que nul devant moi n’avait osé pénétrer.

Au fin fond du désert d’Arabie gît la Cité sans Nom, délabrée et défigurée, ses remparts peu élevés enfouis sous le sable accumulé par les siècles. Telle était-elle sans doute, dès avant la fondation de Memphis, alors que les briques de Babylone n’étaient pas encore cuites.

[…]

Je me représentais les splendeurs d’une époque si ancienne que la Chaldée n’en conservait nul souvenir : je pensais à Sarnath la Maudite, qui se dressait dans le pays de Mnar au temps de la jeunesse de l’humanité, et à Ib aux pierres grises,antérieure même à l’existence de l’homme. »

Si ce thème vous intéresse, sachez que je prévois justement de consacrer une vidéo à l’œuvre de Lovecraft dans les prochains mois.

Si l’on poursuit le fil rouge de l’archéologie mystérieuse, on finit immanquablement par tomber sur un concept fascinant : la Tradition primordiale.
Selon cette école de pensée philosophique et mystique, il existerait une connaissance originelle, intemporelle, transmise à travers les âges sous des formes symboliques. Une sorte de Vérité première, antérieure à toutes les religions, à toutes les philosophies, et même à toutes les civilisations.

Ce courant de pensée a été popularisé par des auteurs comme René Guénon ou Julius Evola, souvent associés à ce qu’on appelle le pérénnialisme : c’est-à-dire la croyance en une vérité pérenne, éternelle, qui dépasse le cadre des cultures temporelles et des peuples éphémères.

Selon les pérénnialistes, l’histoire humaine n’est pas un progrès linéaire vers un avenir meilleur. On ne part pas du zéro pour arriver à plus l’infini. Au contraire, l’histoire humaine est dégénérescence progressive. On est parti d’un âge d’Or, d’un état de sagesse originel supérieur, et on descend vers l’abîme.
Il aurait existé, dans des temps immémoriaux, une humanité plus proche du divin, plus en harmonie avec le cosmos, qui connaissait les lois universelles. Ensuite, ces lois ont été déformées, oubliées, déformées par le passage du temps.

Mais cette sagesse perdure malgré tout. Elle se transmet par les symboles, les rites, les mythes.
Les mandalas orientaux, les rosaces gothiques, les ziggourats mésopotamiennes, la croix chrétienne, les labyrinthes gravés dans les pierres ou les motifs des temples hindous seraient autant de reflets d’un savoir caché, transmis par ceux qui savaient : les initiés.

Dans cette perspective, les traditions religieuses du monde entier (du taoïsme au christianisme, en passant par le soufisme ou le chamanisme) seraient les branches divergentes d’un même arbre, enraciné dans une vérité métaphysique commune.

Ce qui me fascine dans cette idée, c’est qu’elle retourne complètement notre regard sur le passé :
– Ce n’est pas l’avenir qui détient la clé de notre évolution, mais le passé.
– Les mythes anciens, que l’on juge naïfs ou symboliques, portent en réalité la trace d’un savoir oublié, exprimé dans un langage que nous ne comprenons plus.

Dans cette vision du monde, où une vérité oubliée traverse les âges sous forme de symboles, l’histoire elle-même n’est plus un simple enchaînement de dates et d’inventions. Elle devient cyclique. Elle tourne sur elle-même, reproduit les mêmes schémas, les mêmes réalisations, les mêmes destructions, les mêmes oublis.

On parle alors des âges de l’humanité : l’âge d’or, l’âge d’argent, l’âge de bronze… et enfin, l’âge de fer, qui serait la caractéristique de notre temporalité.

C’est une vision que l’on retrouve aussi bien chez les Grecs anciens, chez les Latins, et dans les textes hindous comme les Puranas.

Chaque âge correspond à un éloignement progressif du sacré, de la connaissance de la Vérité, de la transcendance.
L’Âge d’Or est celui de l’unité, de l’harmonie entre les hommes et le cosmos. René Guénon dirait que l’homme et le monde se solidifient. Puis, à mesure que les âges s’écoulent, la conscience se fragmente davantage, les conflits s’affirment, les civilisations chutent, jusqu’à ce qu’un cataclysme final efface tout et que le cycle recommence.

Dans cette conception, le progrès n’est pas linéaire. Il ne va pas de la bougie à la centrale nucléaire, ni du chariot à la voiture Tesla.
Au contraire, chaque société monte, atteint un sommet (parfois en secret, parfois dans l’ombre du mythe) puis chute, oubliée, broyée par le temps, les guerres, les séismes, ou les déluges.

Et ce qui me trouble le plus, c’est cette idée que l’humanité passe son temps à réinventer la roue, à rebâtir ce qui a déjà été bâti, à redécouvrir ce qui fut autrefois compris et maîtrisé par les anciens peuples.
C’est comme si la mémoire de l’espèce humaine était régulièrement réinitialisée, ou rebootée, comme diraient les informaticiens, pour libérer de l’espace mémoire, effacer les bugs, et relancer le programme.
C’est comme si nous étions des héritiers amnésiques qui reconstruisent la civilisation sur des ruines.

Il s’agit d’une vision vertigineuse, qui va à l’encontre du mythe moderne du progrès continu.
Ce mythe qui nous rassure, qui nous dit que tout ira mieux demain, que la technologie résoudra tout, que le passé est barbare et que l’avenir sera lumineux, que demain sera mieux qu’hier.
Mais si les cycles cosmiques disent vrai, alors l’oubli est la règle, et le progrès, l’exception temporaire. Et surtout : notre civilisation n’est pas la plus grandiose qui ait vécu sur terre.

Le pérénnialisme donne le vertige. On repense avec à ces mythes de civilisations disparues, comme celles de Mu ou de l’Atlantide. On se demande si les blocs de granit de l’ancienne Egypte n’ont pas été taillés par des moyens insolites, si les blocs cyclopéens n’ont pas été transportés par des esprits, et on se plaît à penser qu’il était une fois où l’Homme, plus proche de Dieu, pouvait mouler la pierre comme de la matière molle.

Tout comme les théories autour de l’archéologie mystérieuse, le pérénnialisme entretient l’idée que les traces de plusieurs grandes civilisations ont été recouvertes, effacées, puis réinterprétées par d’autres peuples. L’histoire de l’humanité serait un gigantesque palimpseste : un document qui aurait été gratté et sur lequel on aurait réécrit au cours du temps.

C’est avec ces questions en tête que de nouveaux conteurs sont apparus sur les plateformes d’hébergement de vidéos comme Youtube. Des créateurs de contenus qui questionnent une histoire lointaine qui les passionnent. Ce sont des explorateurs des marges de l’histoire, des conteurs de merveilles archéologiques, des narrateurs d’hypothèses anciennes, des partisans d’une histoire revisitée.

Il existe de nombreuses appellations pour les désigner. Sur le web francophone, il me semble qu’ils ont opté pour le nom de chercheurs de vérité.

Ils ont souvent des points de vue qui s’opposent, mais leur point commun, c’est que quelque chose les intrigue dans le grand récit de notre histoire.

Personnellement, je ne regarde pas de séries télévisées, car j’ai du mal à maintenir mon intérêt pour un scénario qui s’étale sur des mois ou des années. En revanche, j’adore écouter Julie Couvreur nous parler des mystères de l’Egypte, du Pérou, des civilisations perdues, des techniques de taille du granit, nous rapporte les dernières nouvelles autour du site de Gobekli Tepe, Graham Hancock nous expliquer à quoi pouvait bien ressembler le monde avant le cataclysme du Dryas Récent. Les explorateurs anglophones de ces mystères m’ont d’ailleurs permis d’améliorer ma compréhension de l’anglais.

Ces narrateurs du merveilleux s’opposent souvent aux historiens et archéologues diplômés, conservateurs d’une chronologie linéaire, alors que leur démarche n’a rien à voir, bien que les deux camps traitent du même sujet. Les chercheurs de vérité sont motivés par ce besoin très humain de relier le présent à un passé mythique, techniquement avancé, spirituellement riche, tandis que les archéologues ne veulent affirmer que ce qu’ils peuvent dater et fouiller.

Les voix alternatives répondent à un besoin profond : magnifier le réel par le mystère, remettre du mythe dans une histoire bornée par des dates. Dans un monde où tout semble déjà expliqué, balisé et catalogué, ces récits offrent une brèche. Une échappée belle dans un passé grandiose, oublié, et sacré.

Et sans forcément le savoir, ces compteurs prolongent l’intuition de la Tradition primordiale chère aux pérénnalistes. Graham Hancock ne cite pas René Guénon, il ne parle pas d’un Âge d’Or spirituel ou d’une connaissance supérieure et éternelle transmise à travers les symboles, mais il imagine une humanité oubliée, avancée, qui aurait disparu à la suite du cataclysme du Dryas récent et qui aurait voyagé à travers le monde pour transmettre des bouts de connaissances aux peuples primitifs avec de disparaître sans laisser de trace. Ou si peu.

Les indices de cette civilisation perdue et de son savoir seraient les Ooparts, pour Out of Place Artifacts : des objets retrouvés dans des contextes archéologiques où ils ne devraient théoriquement pas exister.

On parle d’objets trop avancés pour leur époque, ou placés dans des strates géologiques incohérentes.

Parmi les exemples les plus célèbres, on trouve le mécanisme d’Anticythère, une machine astronomique grecque vieille de 2000 ans capable de prédire les mouvements des étoiles et les phases de la Lune ; la pile de Bagdad, supposée produire de l’électricité dans l’Antiquité ; la mystérieuse carte de Piri Reis, qui représenterait les côtes de l’Antarctique avant qu’elles ne soient recouvertes de glace ; les crânes de cristal, des sculptures de crânes en cristal de roche réputées impossibles à réaliser avec les outils de l’époque ; ou encore les sphères de Klerksdorp, des petites sphères métalliques trouvées en Afrique du Sud dans des formations géologiques datant de plusieurs milliards d’années. Certaines présentent des stries régulières. On soupçonne un phénomène naturel, mais le doute subsiste chez certains passionnés.

Lorsque j’ai eu Internet pour la première en 2006, alors que j’étais adolescent, je passais beaucoup de temps sur des vieux sites Internet qui parlaient déjà de l’archéologie mystérieuse et qui présentaient les Ooparts. Je les connaissais quasiment tous. Depuis, leur origine a été expliquée, ou leur existence a tout simplement été réfutée.

La plupart de ces objets ont reçu des explications rationnelles ou ont été reclassés comme des faux ou comme des objets mal interprétés, mais ils continuent de fasciner ceux qui croient à un palimpseste plus ancien et plus complexe de l’histoire humaine.

Il reste encore les constructions cyclopéennes : des édifices faits de blocs massifs, assemblés sans mortier, que l’on trouve de l’Amérique du Sud à la Méditerranée. Il reste aussi les sites de Puma Punku, de Balbek, de Cuzco. Ces blocs de plusieurs centaines de tonnes qu’on dit impossibles à déplacer… Ces murs assemblés au millimètre près qui ont résisté au passage du temps…

Tous ces sites cristallisent ce fantasme d’un savoir perdu. Ce sont des déclencheurs d’imagination.

Mais les historiens et les archéologues ont répondu aux questions posées par les chercheurs de vérité, et, même si leurs explications ne dissipent pas tous les mystères, même si les chercheurs de vérité posent encore des questions légitimes, ces réponses ont déjà démystifié plusieurs zones d’ombre.

Nous sommes nombreux, je pense, à avoir appris des choses à travers cette quête de mystère. Cette manière d’apprendre me rappelle les interventions de scientifiques comme Marc Bloch, ou de prestidigitateurs sur les plateaux des émissions de télévision sur le paranormal dans les années 90 et 2000 qui expliquaient comment des médiums, des sourciers, des tireurs de cartes ou des télékinésistes pouvaient faire croire qu’ils avaient un pouvoir alors que tout pouvait être expliqué simplement.

Je reste toutefois intrigué par toutes ces vidéos, sur Youtube ou sur Odysee, qui questionnent notre passé, car l’archéologie mystérieuse questionne également notre avenir. Si de glorieuses civilisations antédiluviennes ont disparu sans laisser de trace, alors qu’allons-nous laisser derrière nous ? Allons-nous également disparaître et être oubliés ?

Peut-être sommes-nous des héritiers sans mémoire, et également des passagers qui ne laisseront aucun héritage à leur descendance.

Et curieusement, alors que les questions autour du passé antédiluvien de l’humanité commencent à trouver des réponses de la part des historiens et des archéologues qui ont décidé de vulgariser leurs connaissances sur les réseaux sociaux, tout ces questionnements sur notre histoire ne sont pas épuisés.

Deux nouvelles théories remettent en cause ce que nous savons des époques beaucoup plus récentes, comme le Moyen-âge ou le XIXe siècle : le récentisme et la Tartarie.

Ces deux théories sont deux imaginaires historiques alternatifs qui remettent en question l’histoire récente, celle qu’on pense documentée et indiscutable.

Et si ce n’était pas seulement l’origine de l’humanité qu’on avait oubliée… mais aussi son histoire récente ?

C’est le postulat du récentisme. L’hypothèse est la suivante : une grande partie de notre chronologie historique aurait été manipulée. Des siècles, des personnalités et des événements auraient été inventés, dupliqués, compressés, entre l’Antiquité et la Renaissance.
Le mathématicien russe Anatoli Fomenko affirme par exemple que Jésus aurait vécu au Moyen Âge, que l’Empire romain n’aurait jamais existé tel qu’on le décrit, ou que des siècles entiers auraient été artificiellement ajoutés aux calendriers par les moines copistes.

Le récentisme est une théorie radicale qui délégitime toute l’histoire telle qu’on nous la raconte, et qui discrédite tous les historiens. Lorsqu’un historien fait remarquer à un récentiste qu’il n’a pas de formation d’historien, le récentiste lui rétorque que la formation d’historien conditionne l’étudiant à adopter un schéma de pensée qui l’empêche de voir l’histoire telle qu’elle est. Ne pas avoir de cursus en histoire devient une force, un avantage. Entre ces deux individus, le dialogue est impossible.

En parallèle, la théorie de la Tartarie s’est développée sur Internet. Elle affirme l’existence d’un immense empire technologique oublié, situé en Eurasie, qui aurait disparu avant le 19e siècle et dont l’existence aurait été effacée des cartes et des manuels scolaires par les historiens.

Ce qui alimente cette théorie, c’est des bâtiments trop élaborés pour leur époque, des expositions universelles aux architectures « trop avancées », des gravures énigmatiques, et l’idée que notre histoire a été réécrite pour dissimuler un passé plus glorieux que notre présent.

Ces deux théories expriment un hyper scepticisme face à un récit historique « officiel ».

À une époque où tout peut être truqué, qu’il s’agisse de photos, de discours, d’archives numériques, il devient soudain concevable que même le passé ait été retouché.

La Tartarie est l’un des phénomènes les plus fascinants de l’archéologie « mystérieuse » moderne. Elle ne provient pas d’un essai obscur ou d’un chercheur marginal, mais de l’exploration collective d’Internet.

Elle est devenue populaire sur YouTube, Reddit, 4chan, et sur des chaînes russes comme celle d’Andrey Zhukov

« Tartarie » est un mot ancien. On le retrouve sur des cartes européennes du XVIe au XIXe siècle, pour désigner un vaste territoire mal connu qui s’étendait de l’Europe de l’Est jusqu’à l’Asie centrale et la Sibérie.
À l’époque, les géographes européens appelaient « Tartares » les peuples d’Asie intérieure sans distinction. Ces peuples pouvaient être, par exemple, les Turcs, les Mongols, les Tatars, etc…)

Mais la théorie de la « Tartarie », ou de la « Grande Tartarie », est beaucoup plus récente. Elle a émergé au XXIe siècle, sur des forums russes, puis occidentaux, à partir de plusieurs indices troublants que les internautes ont suivi comme un jeu de piste et ont mis bout à bout.

Les idées centrales de la théorie :

  1. Il existait jusqu’au XIXe siècle un empire mondial avancé, nommé la Grande Tartarie, dont les technologies (énergie libre, électricité, architecture avancée) ont été effacées par les grandes puissances.
  2. Les bâtiments du XIXe siècle (cathédrales, palais, expositions universelles) sont trop complexes pour avoir été construits avec les moyens de l’époque. Ils seraient en réalité hérités de la Tartarie, puis récupérés et revendiqués par les Occidentaux. Il s’agirait donc de bâtiments de réemploi, comme les constructions cyclopéennes antiques.
  3. Des photos anciennes montrent des villes vides, des bâtiments enfouis, ou d’immenses constructions sans trace de chantier. Cela alimenterait l’idée d’une éradiquée à cause d’une catastrophe récente, puis effacée des livres, des récits et des mémoires par les historiens officiels.
  4. Les cartes anciennes montrent un « Empire tartare » occupant toute la Sibérie, la Chine du Nord, parfois même une partie de l’Amérique du Nord. Pourquoi a-t-il disparu sans guerre connue, sans ruines, sans traces ? Cet empire a forcément été effacé de l’histoire récente.

La disparition de cet empire formidable est expliquée par la théorie d’un déluge récent : un déluge de boue : le mud flood en anglais.

Des photographies montrent des bâtiments construits entre le XVIIIe et le XIXe siècle dont le rez-de-chaussée ou l’entrée sont en dessous du niveau du sol actuel, comme si on les avait enterrés, ou plutôt comme s’ils avaient été submergés par des coulées de boue.
Parfois, en creusant ou en rénovant une rue, on découvre des fenêtres, des portes, voire carrément un étage entier qui étaient sous terre.

Cela donne l’impression troublante que de la boue a tout recouvert d’un coup à une époque récente.

Les partisans du mud flood en déduisent qu’une inondation massive de boue aurait eu lieu au XIXe siècle et que l’histoire aurait été réécrite pour la cacher. Les survivants auraient effacé les traces de la Tartarie : ses constructions et ses technologies. Le monde tel qu’on le connaît serait en fait une reconstruction sur les ruines d’un monde plus avancé.

Il existe un subreddit consacré à cette théorie : Tartaria. Et même si les membres ne sont pas des prosélytes acharnés, les discussions sont régulières.

Les historiens et les architectes expliquent de leur côté que le niveau des rues est parfois réhaussé dans les vieilles villes, à cause des couches de pavés, des canalisations et des réseaux en tous genres. Ainsi, siècle après siècle, le niveau de la rue augmente.

Pour protéger les habitants des crues des environs, des rues ont également pu être surélevées. Les architectes ont donc enterré des parties d’immeubles, construit de nouveaux étages par-dessus les anciens.

Enfin, au XIXe siècle, dans des villes en croissance rapide, on a pu construire des sous-sols habités ou des habitats semi-enterrés, comme des caves, des entresols ou des mezzanines). Cela donne l’illusion que le bâtiment a été enfoui alors qu’il a été conçu ainsi dès le départ.

Aujourd’hui, la Tartarie n’est pas seulement une légende urbaine. Pour beaucoup, c’est le symbole d’une histoire effacée, d’une civilisation mondiale perdue et d’un savoir ancien que les puissants auraient dissimulé.
Je classe cette théorie dans l’archéologie mystérieuse et interdite, car elle fait écho à nostalgie d’un passé glorieux que l’on ne nous aurait pas transmis. Elle fait également écho à une angoisse moderne : peut-on encore faire confiance à l’Histoire ?

Elle pose surtout une question lourde de conséquences : si de grandes civilisations ont disparu sans laisser de trace, alors qu’allons-nous léguer à nos héritiers lointains ?

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