Contre-histoire de l’humanité : la Préhistoire.
Contre-histoire de l’humanité : la Préhistoire.

On croit souvent que la Préhistoire, c’est l’âge des cavernes et des cris gutturaux. Mais c’est surtout le moment où l’humanité a eu ses premières grandes idées. Le feu, l’agriculture, la roue, pour ne citer que les plus connues.

Derrière ces « révolutions », il y a surtout des sceptiques qui râlent, des voisins qui se moquent, et des inventeurs convaincus que leur trouvaille allait « changer la vie ».

La contre-histoire vous invite à revisiter ces débuts balbutiants avec un œil moqueur : car si nos ancêtres avaient su ce que ça allait donner, ils seraient peut-être restés bien tranquilles autour du feu.

Qu’est-ce que c’est que cette lubie encore ? Garder le feu à portée de main ?… Comme si c’était une brebis qu’on pouvait attacher !

Mais tu te rends compte ? Il faut ramasser du bois tous les jours, le surveiller sans cligner des yeux, le raviver sans cesse, même la nuit. Et pour quoi ? Pour ne pas avoir froid ? Moi je dors sous des peaux de bêtes épaisses, c’est gratuit, et ça ne met pas de la fumée pas dans les yeux.

Non mais tu les verrais, accroupis autour de leurs flammes comme si c’était un dieu. Pathétique. Dans deux saisons, quand ils se seront brûlé les mains ou qu’un feu aura mangé leur hutte, ils reviendront se réchauffer sous des peaux, comme tout le monde. On ne joue pas avec les éléments !


Tiens, les voilà qui frottent encore leurs cailloux les uns contre les autres. Comme si la pierre brute n’avait jamais suffi ! Ça prend des heures à gratter, à façonner, pour que ça coupe un peu plus droit. Tu veux casser des os avec cette pierre bizarre ? Mais elle est trop fine, trop fragile !

Moi, j’utilise mes dents, ou alors un bon gros caillou trouvé par terre. Pendant qu’ils sculptent leurs silex comme des artistes, moi je mange.

Dans peu de temps, quand ils se seront tranché les doigts ou que leur belle lame cassera au premier choc, ils jetteront ça dans la rivière.


Ils barbouillent sur les murs des grottes, maintenant. Des animaux, des mains, des cercles… Ça va nous aider à chasser, paraît-il. Faut aller chercher des pigments dans la terre, récupérer du charbon, se contorsionner dans toutes les sens pour dessiner des formes. Et tout ça pour un dessin qu’on ne voit que si on tient une torche !

Moi je regarde les vrais bisons, pas des ombres sur une paroi humide dans une grotte. Les autres, ils font les malins, ils disent qu’ils « dessinent le monde. Tu parles !…

La fumée de leurs torches finira par tout effacer. Dans trois hivers, plus personne ne se souviendra qu’ils ont sali la roche.


Tu as vu ? Ils laissent traîner des loups près du feu. Soi-disant, pour qu’ils ‘s’habituent’. Il faut leur filer à manger, les tenir loin des enfants, et caresser les petits comme des bébés. Et si ça grogne, il faut leur parler doucement…

Moi, un loup, je le regarde dans les yeux et je lui lance un bon gros caillou sur la tête. Les autres là, ils parlent à ces bêtes comme à des frères, en pensant qu’un jour ils garderont la caverne à leur place. Quelle blague.

Le jour où l’un de ces loups croquera une main ou pissera sur leur couche, ils comprendront. Et ce sera la fin de cette mode ridicule.


Gratter la terre comme une taupe pour faire pousser des plantes ? Voilà leur dernière invention. Il faut semer, surveiller, arroser, puis attendre, attendre, et attendre. Et si la pluie ne vient pas ? Et si les insectes dévorent tout ? Pendant ce temps, les vrais chasseurs mangent de la chair fraiche.

Moi je me lève, et je vais chercher mon repas dans la nature. Eux, là, ils deviennent esclaves de leurs graines et de leurs champs. Le plus triste, c’est qu’ils sont fiers ! Fiers d’avoir fait lever trois tiges en six lunes.

Au premier orage, ou dès qu’un sanglier retournera leur champ, ils se rappelleront que la nature ne se commande pas.


Ils ont inventé un disque qui tourne et ils espèrent tirer des charges lourdes avec ça… Quelle imagination débordante ! Il faut des rondins bien lisses, des chemins plats, des axes solides… et la moindre pierre le fait sauter.

Moi je prends une corde, mes deux bras, et mon chargement arrive à destination. Eux, ils passent la journée à tailler du bois et à réparer leur disque bancal. Et ils appellent ça du progrès.

Dans un an, leurs chariots seront bons pour faire du feu. Tout ça, c’est trop lourd, trop fragile, trop capricieux. Rien ne vaut les jambes et les bras d’un homme.


Ils tordent des fibres pour en faire des fils, puis des habits, puis des sacs. Et ils disent que c’est plus pratique. Il faut les tresser, les tendre, prendre garde à ne pas faire des nœuds… Un trou et tout se défait. Quant à leur poterie, une simple chute et paf, fini le récipient qu’il a fallu façonner pendant toute une journée.

Moi j’emballe tout dans des peaux et je bois dans une corne évidée. J’ai pas besoin de sculpter des vases pendant des heures et de me salir les mains avec de la terre mouillée. Mais eux, les tisseurs et les potiers, ils se regardent comme s’ils avaient réinventé le ciel.

Au premier hiver humide, tout moisira. Et pendant leur premier voyage, toute leur poterie finira en miettes. Ils reviendront aux peaux, aux mains et aux vraies solutions.


Les voilà qui construisent des huttes fixes, qui ne pourront plus être déplacées. Ils veulent prendre racine, comme les arbres. Il faut couper du bois, le monter, fixer les poutres, se battre contre le vent et la pluie… Et après, qu’est-ce qu’on fait ? Comment on fera quand on aura mangé tout le gibier ?

Moi, je dors où je veux, je suis le gibier, et j’emporte le monde avec moi. Eux, ils s’entassent comme des insectes et appellent ça le confort.

Un hiver, un feu de trop, une maladie qui traîne… et tout leur village deviendra une ruine. On n’est pas faits pour s’enchaîner à un endroit.


Maintenant ils parlent. Tout le temps. Ils mettent des mots sur chaque chose, comme si un mot faisait exister ce qu’on voit déjà. Il faut se souvenir des sons, les combiner, écouter l’autre sans l’interrompre… Une vraie gymnastique.

Moi, un geste, un cri, un regard, et c’est compris. Eux, ils perdent leur souffle à inventer des mots qui changeront encore dans deux lunes. Et ils rient entre eux, comme si la parole les rendait supérieurs.

Un jour, ils parleront tant qu’ils oublieront d’aller chasser. Et là, la nature leur rappellera que les mots ne remplissent pas l’estomac.

Retrouvez les autres périodes sur la page suivante consacrée à la contre-histoire de l’humanité.

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