Déclin de l'Education nationale
Déclin de l'Education nationale

Cet article est une synthèse de l’interview de deux enseignantes par Nicolas Vidal, sur la chaîne Youtube Tocsin. Cette interview, intitulée « Effondrement de l’école : deux enseignantes sonnent le Tocsin !« , a été produite le 4 avril 2025. Elle traite de ce que l’on peut appeler d’une manière générale le déclin de l’Éducation nationale.

Dans cette vidéo, les deux enseignantes (Aude Denizot et Véronique Bouzou) témoignent du déclin de l’Éducation nationale : perte des savoirs fondamentaux, écrans omniprésents, réformes incohérentes, autorité fragilisée.

Les témoignages s’accordent : il ne s’agit plus d’un simple “déclin”, mais d’un effondrement structurel. Le langage est abandonné, la rigueur oubliée, l’autorité contestée. Ce naufrage éducatif annonce un désastre civique et intellectuel.

L’école ne forme plus. De plus en plus d’élèves entrent au collège sans maîtriser les bases de la lecture, de l’écriture, de la syntaxe. Ce ne sont pas des lacunes mais des carences fondamentales. L’illettrisme n’est plus un mot tabou : il devient une réalité observable.

Aude Denizot dénonce dans son ouvrage les “ravages de la photocopie” : un symbole du renoncement pédagogique. L’élève ne construit plus son savoir, il le consomme passivement. Les documents prémâchés remplacent l’écriture, la reformulation, l’effort. Le professeur devient logisticien. L’élève, client.

Pour Véronique Bouzou, l’envahissement des écrans n’est pas une anecdote : c’est une cause majeure du déclin cognitif. Les élèves, saturés de TikTok ou YouTube, ne lisent plus, n’analysent plus, ne hiérarchisent plus l’information. L’école échoue à reconstruire une attention soutenue ou un esprit critique. Elle renonce à son rôle de formation de l’intelligence.


La crise n’est pas seulement pédagogique. Elle est institutionnelle. L’institution elle-même est accusée de dérive autoritaire, de contradictions permanentes, et de complicité dans l’effondrement de la pensée.

La succession rapide des ministres n’apporte aucune stabilité. Chaque réforme contredit la précédente. L’école est pilotée à vue, au gré des effets d’annonce. Les enseignants sont perdus. Les élèves subissent. L’institution donne l’impression de réformer pour exister, non pour construire.

Remettre en cause une réforme devient suspect. L’école, lieu supposé du questionnement, étouffe le débat. Les enseignants sont notés, contrôlés, surveillés. La conformité remplace la liberté pédagogique. Le savoir devient outil de contrôle, et non d’émancipation.

Derrière le déclin éducatif, certains voient une stratégie : celle d’un abêtissement organisé, par une école vidée de ses exigences, de son autorité, de son ambition. Une école molle produit des citoyens malléables. L’effondrement scolaire serait le symptôme d’un projet de société : celui de la dépendance généralisée.


L’école est incapable de s’adapter aux enjeux contemporains. Trop d’élèves, pas assez de moyens, une surcharge d’objectifs flous… Le système craque de toutes parts.

Avec 30 élèves par classe, dont un tiers nécessitent des adaptations, l’enseignement devient une mission impossible. Les bons s’ennuient, les plus faibles décrochent. Les profs naviguent à vue, dans un équilibre instable.

Le français et les mathématiques sont sacrifiés au profit de projets transversaux (éducation citoyenne, écologie, etc.). Résultat : les bases sont oubliées, les élèves arrivent dans le supérieur sans savoir lire ou écrire correctement. L’école n’instruit plus, elle “anime”.

Les réseaux sociaux désapprennent la lecture. Les élèves demandent des résumés, refusent les textes longs. L’effort intellectuel est perçu comme une violence. L’école ne contrebalance plus l’effet des écrans : elle le subit.


Le déclin de l’Éducation nationale reflète une crise plus large. Celle de l’autorité, de la transmission, du langage, de la société tout entière.

Les enseignants sont de plus en plus souvent contestés par les parents : notes refusées, sanctions attaquées, autorité contestée. Certains parents refusent même d’interdire les écrans la nuit. La coéducation est brisée, et l’école seule ne peut rien.

Les établissements deviennent des lieux d’insécurité. Les profs font face à des élèves instables, parfois violents. L’autorité est remise en question à tous les niveaux. Les professeurs ne sont plus respectés — ni dans leur fonction, ni dans leur savoir.

L’effondrement du langage mène à une impasse : sans mots, pas de pensée, pas d’expression, pas de gestion de la violence. Le désespoir des jeunes s’exprime en crises, en silence ou en rage. Les pédopsychiatres sont débordés. L’école n’est plus un refuge : elle est parfois un facteur aggravant.


Ce n’est pas seulement l’école qui est en crise, mais la civilisation du savoir. Les jeunes passent trop de temps enfermés — entre murs et écrans. L’école n’est plus un tremplin : elle devient une cellule. Déconnectée des besoins réels, des aspirations, des rythmes humains, elle produit de la frustration, de la violence, du vide.

Réformer l’école sans repenser profondément ses finalités, ses rythmes, ses méthodes et son rôle social revient à déplacer les meubles dans une maison en flammes.

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