L’administration française abandonne les citoyens qui la financent
Le mépris de l’humain
Autrefois, on se plaignait de l’administration pour ses files d’attente interminables, ses fonctionnaires lents, ses guichets fermés à 11h58. Aujourd’hui, c’est bien pire : il n’y a plus de file d’attente, parce qu’il n’y a plus de guichet. Il n’y a plus de guichet, parce qu’il n’y a plus d’humain. Et il n’y a plus d’humain, parce que tout doit désormais passer par des plateformes numériques aux acronymes abscons, dissimulées derrière des portails kafkaïens, protégées par des mots de passe qu’on a oubliés depuis 2016.
L’administration française a 20 ans de retard.

Désormais, pour déclarer un changement d’adresse, refaire une carte grise ou déposer un dossier quelconque, il faut jongler entre FranceConnect, l’ANTS, l’ADIL, l’URSSAF, Ameli, le site de la CAF, la préfecture départementale, celle de région et une demi-douzaine de sous-plates-formes internes qui ne communiquent pas entre elles.
On pourrait presque croire que l’État fait tout pour rendre l’accès aux droits volontairement illisible, comme un vieux parchemin écrit en runes qu’il faudrait décrypter à la lueur d’une lampe à huile.
L’administration française prend son temps
Le pire ? Même si l’on parvient à soumettre un dossier, à scanner les bons documents dans le bon format et à franchir les douze cercles de l’enfer administratif numérique, il faut ensuite attendre. Des semaines. Des mois. Parfois, on n’a jamais de réponse. Parfois, la demande est « rejetée pour document illisible » alors qu’on a envoyé un PDF parfait. D’autres fois, le site plante. Souvent, c’est juste silence radio. Et pendant ce temps, les échéances légales courent, les sanctions tombent, mais personne ne répond.
Services publics fermés au public

Les préfectures, elles, ont disparu. Ou plutôt, elles existent encore, mais en modèle fantôme. Il faut prendre rendez-vous en ligne, mais il n’y a jamais de créneaux disponibles. Ou alors un jeudi à 14h20 dans trois mois, si vous êtes chanceux. On croirait prendre un billet pour un concert d’une star mondiale.
Et quand on y va, si l’on ose s’y rendre sans rendez-vous, on se fait recaler sèchement par un vigile, pendant qu’un agent derrière la vitre sirote son café en jouant à Candy Crush.
L’administration française dévore des milliards d’euros
Et tout cela, rappelons-le, coûte des milliards. Chaque année, l’État ponctionne les contribuables pour entretenir une machine administrative pléthorique, grasse, inefficace, dont personne ne comprend le fonctionnement, mais que tout le monde redoute. On ne sait pas où va l’argent. Pas dans les routes, ni les écoles, ni les hôpitaux. Pas dans la modernisation des services publics non plus. Alors où ?
Les citoyens abandonnés par l’administration française
Le citoyen, lui, a abandonné l’espoir. Il tente de bricoler, de contourner, d’anticiper, et développe une forme de sagesse fataliste, proche du stoïcisme. On apprend à ne rien attendre de l’administration, sinon des obstacles.
Le citoyen accepte d’être perdu dans un labyrinthe sans sortie, car il n’a pas le choix. Et s’il ose se plaindre ? On lui répond que tout est « en cours de traitement », qu’il « doit patienter », ou qu’il « n’a pas suivi la procédure correcte ».
Les fonctionnaires nuisibles
Et que dire de cette myriade de services obscurs, satellites inutiles gravitant autour de la nébuleuse administrative ? Il y a des directions, des sous-directions, des « pôles », des « cellules », des « missions », dont même les agents ignorent parfois l’objectif. Les services communication du Département, de la Région, de la Communauté de communes, de la Mairie, de l’Office du tourisme… tous publient des brochures en papier glacé, des newsletters que personne ne lit, des posts LinkedIn de satisfaction institutionnelle. Ils organisent des événements qui se chevauchent, font des diagnostics sur des diagnostics, commandent des audits pour savoir ce qu’a fait le service d’à côté. Ils se font concurrence, se marchent sur les pieds, dépensent chacun leur budget dans des campagnes absurdes pour vanter leur propre utilité, ou plutôt pour masquer leur vacuité. À la fin, on ne sait plus qui fait quoi, mais tout le monde est persuadé d’être indispensable. Et surtout : tout le monde est payé.
L’administration française : l’ennemie du peuple
L’administration française ne gère plus rien. Elle filtre, elle trie, elle ralentit, elle bloque. C’est un mur numérique érigé entre l’État et ses citoyens. Et derrière ce mur, c’est le grand abandon.
Retrouvez les différents textes des Nouvelles Mythologies Françaises sur la page consacrée.