Qui croit encore aux élections ?
Peut-on changer le destin du pays avec un bout de papier ?
Les élections, ce grand rituel démocratique où chacun se persuade qu’il tient entre ses mains le destin du pays. Tous les cinq ans, la même fièvre s’empare des foules : les débats, les promesses, les petites phrases analysées sous toutes les coutures, les affiches placardées sur les murs comme des incantations. Et puis, le jour venu, on se précipite dans l’isoloir avec la conviction naïve que ce bout de papier va bouleverser l’histoire.
Malgré les élections, le système est verrouillé

Mais la vérité, c’est que rien ne change. Rien ne peut changer. Pas fondamentalement. Derrière le rideau des illusions électorales, les structures du pouvoir restent en place, imperturbables.
Une administration développée et enracinée dans toutes les strates du pays veille à la continuité. Des contrats sont signés sur des décennies, des accords internationaux verrouillent les décisions stratégiques, des traités supranationaux encadrent les politiques économiques et sociales. Peu importe qui siège à l’Élysée, les orientations fondamentales sont déjà décidées, ailleurs, par d’autres.
Les élections cautionnent la continuité de la même politique

Et puis, il y a ceux qui veillent au grain. Les services de renseignement, les grandes directions ministérielles, les cercles d’influence. Ils s’assurent que tout reste dans les clous, que la fameuse « stabilité » soit préservée.
Une élection ne peut pas renverser l’ordre établi, elle ne fait qu’administrer un changement de façade. Un visage remplace un autre, un style diffère, mais le cap reste le même. Gouverner, dans ces conditions, c’est ajuster les curseurs, pas définir une trajectoire.
Peut-on trouver plus con qu’un électeur ?
Pourtant, à chaque échéance, les électeurs y croient. Ils débattent avec passion, s’invectivent sur les réseaux sociaux, s’imaginent participer à un affrontement historique. Ils parlent de rupture, de renouveau, d’avenir. Comme un bulletin dans une urne pouvait démanteler les structures de pouvoir qui ont été bâties pour survivre à toutes les alternances. Comme si un président pouvait, par sa seule volonté, rompre avec des décennies d’engagements et d’habitudes bureaucratiques.
T’as voté ? C’est bien. Maintenant rentre chez toi, l’ahuri !

L’élection est un exutoire, un théâtre où chacun joue son rôle en croyant influer sur le scénario. Mais en réalité, le spectacle est écrit d’avance. Le système ne permet pas l’irruption de l’imprévu. Il canalise, absorbe, neutralise.
La démocratie moderne fonctionne comme un circuit fermé, où le changement est une mise en scène, jamais une réalité. Et une fois le vote passé, l’illusion retombe, la vie reprend son cours, et les électeurs, comme des enfants, attendent avec impatience la prochaine pièce de théâtre politique.
Les électeurs sont de grands enfants
Alors, pourquoi continue-t-on d’y croire ? Peut-être parce qu’il est plus confortable de s’accrocher à l’idée qu’on a un pouvoir, plutôt que d’admettre qu’on ne fait que valider des décisions déjà prises. Peut-être parce que l’idée même de remettre en question ce système donnerait le vertige. Et peut-être, tout simplement, parce que l’espoir, même illusoire, est encore ce qu’on a trouvé de mieux pour tenir debout.
Retrouvez les différents textes des Nouvelles Mythologies Françaises sur la page consacrée.