Liberté Egalité Fraternité : la devise mensongère
Liberté Egalité Fraternité : la devise mensongère

La France brandit sa devise comme un étendard sacré. Elle est gravée sur les frontons des mairies, récitée dans les écoles, déclamée dans les discours creux des politiciens. Liberté, Égalité, Fraternité. Trois mots pour faire croire que le pays vit encore dans l’élan révolutionnaire de 1789.

En réalité, ces trois piliers de la République ne sont plus que des slogans publicitaires usés, dont le sens a été vidé, trahi, renversé. Ce sont des farces tricolores pour une république en décomposition.

De quelle liberté parle-t-on ? Le citoyen français est l’un des citoyens les plus suradministrés du monde occidental. Il vit dans une prison molle, pavée de textes législatifs, de circulaires contradictoires, d’obligations déclaratives kafkaïennes. Rien ne peut se faire sans une demande écrite, une autorisation tamponnée, une déclaration enregistrée, et un numéro de dossier. Le moindre acte de la vie nécessite d’en passer par un rituel administratif sacrificiel. Tu veux construire une cabane, faire voler un drone, faire l’école à tes enfants, organiser une brocante ? Essaye donc, tu m’en diras des nouvelles.

La liberté d’entreprendre est corsetée, la liberté d’expression est encadrée par le Code pénal, la liberté de mouvement est surveillée. Même pour mourir libre, il faut cocher des cases. La devise dit “liberté”, mais dans la réalité, c’est le règne du formulaire et du contrôle, l’administration toute-puissante, la peur de mal faire, la culture de la sanction.

De quelle égalité parle-t-on ? Il faut avoir du culot pour continuer à l’écrire en lettres capitales. Il existe en France deux systèmes juridiques parallèles : le droit privé et le droit public. D’un côté, les citoyens ordinaires, liés par des contrats civils, exposés au chômage, aux licenciements, aux prud’hommes. De l’autre, les agents de l’État, protégés par des statuts inamovibles, des corps opaques, des garanties de carrière quasi féodales. Ces fonctionnaires incarnent une élite indéboulonnable qui s’épanouit dans une République remplie de contrats précaires.

À cela s’ajoute l’aristocratie politique. Elle bénéficie de passe-droits, d’impunités tacites, de combines, de privilèges fiscaux et judiciaires, d’emplois réservés. La justice ferme les yeux sur les puissants, mais ouvre grand ses bras aux délits de misère.

La Fraternité, enfin, est peut-être la plus grande imposture des trois. Les Français ne s’aiment pas. Ils se jalousent, se dénoncent, se méprisent, se haïssent en silence. C’est le royaume de l’aigreur sociale, du ressentiment permanent, du conflit larvé entre catégories, entre métiers, entre quartiers, entre générations. Chacun soupçonne l’autre d’être un profiteur, un bourgeois, un facho ou un gauchiste. Le peuple est divisé, atomisé, incapable d’unir ses forces sauf pour râler à l’unisson.

Le débat public est une cacophonie stérile. Il oppose la fausse gauche à la fausse droite, les jeunes contre les vieux, les vaccinés contre les non-vaccinés, les “wokes” contre les “réacs”. Chacun reste dans sa tranchée. On parle de fraternité pendant qu’on vote des lois pour interdire la parole de l’autre.


“Liberté, Égalité, Fraternité” ne décrit pas ce qu’est la République, mais ce qu’elle a cessé d’être. C’est un slogan marketing pour un régime bureaucratique, inégalitaire et fracturé. Une image pieuse pour alimenter les manuels scolaires.

La devise n’est plus un idéal, c’est un cache-misère. Une religion républicaine pour des citoyens désabusés. La République, comme ses valeurs, est devenue un culte vide. On récite la devise sans y croire. Il ne reste plus qu’à en changer pour quelque chose de plus honnête : “Asphyxie, Privilège, Haine.”

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