Le tableau noir, ami du scientifique et ennemi du littéraire.
Le tableau noir, ami du scientifique et ennemi du littéraire.

Il est une tradition bien ancrée dans notre douce France : opposer le penseur au faiseur, le verbe au chiffre, le café-philo au laboratoire, le regard pénétrant de Bourdieu à la précision d’un algorithme.

Dans le coin gauche du ring, l’éternel littéraire français ; clope au bec, regard grave, persuadé qu’il pense le monde mieux que quiconque parce qu’il sait citer Foucault sans bafouiller.

Dans le coin droit, l’ingénieur, discret, besogneux, qui ne « pense pas le monde »… mais qui le construit.

Bienvenue dans l’une des plus délicieuses hypocrisies de l’intellectualisme français : la glorification du penseur désincarné au détriment du scientifique, jugé trop concret, trop technicien, trop peu enclin à participer au débat (ce sport national où l’on coupe la parole).

Bourdieu, l'idole des littéraires.
Bourdieu, l’idole des littéraires.

Il faut dire qu’en France, être littéraire, c’est une profession sacrée ! Cela donne droit, automatiquement, à penser mieux que tout le monde, même si l’on n’a jamais résolu une équation de second degré.

Le littéraire pense l’intelligence comme un prolongement de sa capacité à écrire des phrases longues, confuses, et truffées de mots grecs. Il confond souvent l’opacité avec la profondeur, comme si l’on ne pouvait pas dire des choses intelligentes de façon claire.

Et surtout, il croit penser l’univers parce qu’il lit Le Monde Diplomatique.

Demandez à un littéraire ce qu’il pense des sciences dures : il vous parlera de chiffres froids, d’équations déshumanisées, d’êtres sans poésie qui ne « pensent » rien. Car, voyez-vous, penser, c’est écrire un essai de 600 pages pour vous expliquer que la femme est une construction sociale.

Les scientifiques, eux, sont des sortes de plombiers de luxe. Utiles, peut-être. Admirables, sûrement pas !

Qu’ont-ils donc à dire sur la condition humaine, eux qui passent leur vie à modéliser des trucs que personne ne comprend ? On sent poindre le mépris : si vous ne publiez pas aux Presses Universitaires de France, êtes-vous vraiment un penseur ?

Les Presses Universitaires de France, premier éditeur de livres inutiles que personne ne lit.
Les Presses Universitaires de France, premier éditeur de livres inutiles que personne ne lit.

Pendant que les littéraires tournent en boucle sur « la crise du sens » dans une émission de France Culture écoutée par douze personnes, les scientifiques créent l’intelligence artificielle, font voler des satellites, inventent des moyens de communication instantanée, décryptent le génome, repoussent les limites de l’univers observable et améliorent la médecine de demain.

Mais on ne les entend pas. Pourquoi ? Parce qu’ils travaillent. Les scientifiques n’écrivent pas une thèse sur les assonances dans les derniers textes de rap à la mode dans les cités.

Ils n’ont pas le temps de publier une tribune indigeste dans Libé qui sera lue par des profs à la retraite et des étudiants en sciences milles. Ils sont trop occupés à inventer le monde de demain pendant que d’autres bavardent.

Les littéraires français passent leur temps à parler d'Elon Musk... qui les ignore superbement.
Les littéraires français passent leur temps à parler d’Elon Musk… qui les ignore superbement.

La vérité, c’est que les scientifiques ont gagné sans se battre. Leur vengeance est discrète : ils bâtissent des mondes virtuels, automatisent des tâches, changent les usages, réécrivent la condition humaine… sans crier victoire. Eux ne se proclament pas « visionnaires ». Ils le sont, et laissent aux autres le soin d’écrire dans Télérama.

Télérama, la feuille de chou des littéraires arrogants subventionné par les impôts des Français.
Télérama, la feuille de chou des littéraires arrogants subventionné par les impôts des Français.

Retrouvez les différents textes des Nouvelles Mythologies Françaises sur la page consacrée.

Revenir à l’accueil.

By Auteur

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *